Dans l’atelier de…

Chloé Jaouën

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Nous avons rencontré Chloé il y a plusieurs années, alors qu’elle venait de lancer sa marque Mademoiselle de Guise et nous l’avons suivie pierre après pierre construire son entreprise, Nous l’avons connue dans les doutes et les succès, seule puis entourée de ses premières salariées et nous tenions à rendre hommage au courage et à la ténacité qu’elle partage avec tant d’autres entrepreneurs, femmes et hommes.

Et voilà comment tout a commencé pour elle : « Après mes études à l’Institut Supérieur des Arts Appliqués en Design et Textile, j’ai commencé à travailler pour la maison Tara Jarmon. En tant qu’assistante styliste d’abord, puis coordinatrice de collection. Cette première expérience m’a formé aux processus de création d’une collection, aux étapes de fabrication et à la gestion générale d’un atelier. J’en étais là lorsqu’une amie m’a demandé de confectionner sa robe de mariée. Ce que j’ai fait et de fil en aiguille, portée par le bouche-à-oreille, j’ai eu l’envie de lancer mon propre atelier. »

Mais pourquoi les robes de mariées en particulier ? « Ça a été un déclic après la confection de la première robe pour cette amie. J’ai découvert un univers à part entière. Une création unique pour un projet unique et avant tout une mariée unique. Parmi tout ce que j’aime dans l’univers du mariage, le plus important reste la relation que j’établis avec la future mariée. Elle débute dès son premier essayage, qui est toujours un moment privilégié, puis se poursuit pendant un an où nos échanges deviennent plus intimes, où chaque détail compte et où je fais tout mon possible pour lui offrir une expérience spéciale. Participer à l’élaboration de cet événement unique qu’est le mariage rend mon quotidien magique ! »

Très exigeante dans son travail, Chloé a aussi trouvé dans cet univers un écho à ce désir d’excellence : « Créer des robes de mariées, c’est l’opportunité de travailler des matières nobles, de valoriser un savoir-faire de qualité, de pouvoir collaborer avec des artisans aux mains de fées et enfin de pouvoir exprimer ma créativité. J’ai toujours été passionnée de mode, avec cette volonté de rendre la femme unique au travers de ce qu’elle porte. J’aime créer des collections qui sublimeront chaque femme, chaque caractère, chaque morphologie. Je voulais affirmer mon style, qui mélange féminité, coupes structurées et taille soulignée, avec un vrai souci du détail. Introduire quelque chose d’avant-gardiste et déroutant les codes traditionnels du mariage, qui à l’époque se voulait exclusivement bohème, taille basse et champêtre. J’avais envie de proposer un univers jeune, dynamique, moderne. Et devenir une entrepreneuse, fonder mon atelier est rapidement devenu une évidence. »

À mesure que Chloé faisait grandir sa marque, elle a dû apprendre, s’adapter, se tromper, recommencer, en permanence. « Aucune journée ne se ressemble ! La gestion d’une petite entreprise est très enrichissante, je dois être multi-casquettes, c’est à la fois difficile et super challengeant. Mon année s’organise autour de deux périodes : celle des rendez-vous avec les futures mariées, et celle des mois dédiés à la phase de création où je m’enferme pour trouver l’inspiration, où je me crée une bulle dans laquelle je donnerai naissance à la nouvelle collection, le cœur de mon travail. Mais il y a aussi le management et la gestion d’équipe et je mets un point d’honneur à travailler dans la bonne humeur ! Aujourd’hui, ça fait déjà 6 ans que Mademoiselle de Guise est née ! Je n’en reviens pas ! »

« La gestion d’une entreprise s’apprend sur le terrain au fur et à mesure des échecs et des réussites. Il faut persévérer, apprendre de ses erreurs et faire du mieux qu’on peut. La partie créative est présente dans mon métier mais il y a aussi des phases cachées comme le management, la gestion d’une équipe qu’il faut fédérer. J’apprécie de confronter mes idées avec mon équipe, pour que de nouvelles réflexions émergent et qu’on puisse avancer, toutes dans le même bateau. »

Alors qu’elle commence à bénéficier d’une réputation bien établie qui lui permet de consolider sa marque, Chloé prend enfin le temps de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur : « Ce n’est que récemment que je me suis rendue compte de l’ampleur du travail réalisé ces 6 dernières années. Aujourd’hui seulement je me sens vraiment fière de moi, de mes efforts et de toutes les étapes que j’ai pu parcourir. Je voulais créer une marque qui me ressemble, qui respecte mes valeurs et mes principes et je n’ai jamais voulu aller trop vite. C’est une succession d’opportunités et de rencontres qui m’ont permis d’être là où je suis aujourd’hui. J’ai voulu suivre mon instinct et faire les choses de manière évolutive sans trop me mettre la pression afin de vivre les choses pleinement, sereinement et savourer chaque étape traversée. Cette magnifique aventure m’a permis d’acquérir des compétences mais elle m’a aussi fait grandir en tant que personne et surtout en tant que femme. J’ai gagné en maturité, j’ai dû apprendre à gérer mes émotions, à ne pas montrer mes angoisses, tout en restant vraie. »

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